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Les lavoirs de Tarbes

Nous vous présentons sur cette page un travail remarquable de Jean-François Delétang sur les lavoirs de Tarbes à partir des informations qu’il a pu collecter aux archives de la ville de Tarbes. A découvrir tout en bas de la page les trois lavoirs encore existants à Tarbes.

DOSSIER LAVOIRS DE TARBES

 par Jean-François DELETANG

 « Association Patrimoine des Hautes-Pyrénées. »

Tarbes : L’ancien pont de l’Adour, vers 1860, lithographie Mercereau (Musée Pyrénéen de Lourdes).

Historique.


C'est à la fin du XVIIIe siècle que la construction des lavoirs a débuté. En réaction aux problèmes de pollutions industrielles et d'épidémies, ces constructions ont été voulues par le pouvoir politique. Sous Napoléon III, une loi a prévu un crédit spécial qui subventionne à hauteur de 30 % la construction des lavoirs et, à partir de 1850 l'édification de ces éléments d'urbanisme s'accélère. Les lavoirs sont un élément important dans la promotion de la santé publique et de l'hygiène. Ils ont contribué au progrès et au bien-être de la population en simplifiant, un peu, le travail des femmes. La lessive étant une tâche exclusivement féminine, le lavoir était un lieu de sociabilité exclusivement féminin. Ils équipèrent les villes et villages surtout au XIXe siècle et se multiplièrent jusqu'au début du XXe siècle. Leur usage se perdit progressivement au fur et à mesure de la généralisation de l'adduction d'eau dans chaque foyer.

TARBES ville d'eau.

Dans la première moitié du 20e siècle on trouve encore à Tarbes :

- Deux grands canaux dérivés de l'Adour vers l'Echez selon un axe  Sud -Nord : le Canal Occidental et le Canal Oriental, avec une multitudes de petits canaux ou rigoles qui sillonnent les rues, au total 18 km de canaux en ville. A l'époque, on retrouve d'ailleurs bon nombre de nom de rues et quais liés à l'eau : Quais Péré, Estevenet, des Moulins. Rues de l'Abreuvoir, des Tanneurs, du Foulon, du Martinet.

- Des  établissements de bains-douches : Les “ Bains Péré ” (1840/1950) et bien avant les “ Bains Cousin ” et les “ Bains Artigala ” .

- Une vingtaine de moulins installés sur les canaux et aux activités variées : scieries, moulins à blé, à tan pour les tanneries, à foulon, à papier, à marteau-pilon pour les cuivres d'où le Martinet. Ils avaient pour nom : Moulin des Dames de Momères, Moulin du Chapitre, Moulin de Gonnés, Moulin Estevenet.

De nombreux beaux lavoirs : Au minimum, vingt-cinq lavoirs construits depuis 1830 et jusqu'au début de la seconde guerre, tous en bordure de ces canaux. Plusieurs d'entre eux furent tout d'abord édifiés sans toiture, puis dans un deuxième temps - de quelques années plus tard à 66 ans après ! - une toiture en ardoises ou en tuiles fut ajoutée. Ceux construits au début du XXe siècle ne servirent qu'environ une cinquantaine d'années, puisqu'ils furent tous détruits et rasés dans la période d'après guerre et jusqu'en 1967. A cette période, pour cause d'insalubrité les différents canaux de Tarbes devenus inutiles furent rebouchés ou couverts (le dernier canal recouvert fut celui de la rue Desaix en 1970), mais également et surtout pour satisfaire aux besoins d'une urbanisation galopante, sans que quiconque ne se soucie de la conservation de ce petit patrimoine. Certains renseignements difficilement obtenus n'étant pas précis, toute personne détenant d'autres informations,documents ou photos sur les lavoirs de Tarbes autrefois, peut nous contacter : loucrup@orange.fr ou tél : J-F. DELETANG 05 62 33 83 44.

RECENSEMENT DE 25 LAVOIRS dans TARBES

 construits, couverts, rénovés entre 1832/1938.


(Source Documentaire des Archives de la ville de TARBES )


L'ensemble des dossiers est consultable et confirme ces informations avec le détail pour chaque lavoir des devis, parfois plans de coupe et adjudications. Par contre nous n'avons aucune trace de photos anciennes et d'emplacement précis, seuls les noms de rues figurent sur les documents d'époque.

1823 : Pétition des habitants de la rue des Cordeliers (actuelle rue Massey) pour la construction d'un lavoir dans leur rue...Y a t-il eu une suite ?


(Les numéros correspondent au plan de Tarbes plus haut sur cette page)


1°- 1831 : Pétition des habitants du quartier de l'AYGUEROTTE pour la construction d'un lavoir sur le canal de l'Ayguerotte place de l'hôpital. Le lavoir sera réalisé 66 ans après en 1907.


2° - 1832 : Deux petits lavoirs en pavés sans toit (galets de l'Adour) sont construits Rue de l'ABREUVOIR (nom de rue qui n'existe plus aujourd'hui) au Nord de la Mairie actuelle et près de la rue des PETITS FOSSES (actuelle rue Georges Clémenceau)

Lavoir sur le canal oriental vers 1834 (collection Rouzil). Probablement le lavoir de la rue de l’Abreuvoir (n°2)

3° - 1862 :Projet de construction d'un lavoir Place de la Courte Boule... Ce projet est certainement devenu plus tard le lavoir de la Promenade SOULT en bordure du chemin d'Odos.


4° - 1864 : Construction d'un lavoir non couvert sur le canal occidental rue LEFRANC côté droit de la route impériale 117 (actuelle rue Georges Lassalle). Ce lavoir sera couvert 40 ans après en 1904 .


5° - 1887/1889 : Construction d'un lavoir rue PORTAIL d'AVANT, il sera couvert en 1895 .


6° - 1889 : Construction d'un lavoir derrière le CIMETIERE SAINT-JEAN, le long du mur Ouest (prés de l'actuelle impasse H. Laporte). ll sera couvert en 1896.     


7° - 1889 : Construction d'un lavoir rue des PYRENEES.


8° -1889/1891 : Construction d'un lavoir couvert à l'angle du chemin MAUHOURAT et de la rue de la MOISSON (nom de rue qui n'existe plus aujourd'hui, mais l'on retrouve dans ce quartier l'Impasse de la Moisson, face au Lycée Jean Dupuy- Avenue Gaston Dreyt). Le terrain appartenant à Mr Mailhos et le droit d'eau à Mr Roziés, de longues tractations ont eu lieu avec la municipalité pour trouver un accord.


9° - 1895 : Le lavoir de la PLACE AUX CHEVAUX est couvert pour la somme de 315 francs ! Ce lavoir ne serait il pas celui recensé dès 1902 sur une dérivation de l'Adour à l'angle de l'Avenue Hoche et de l'actuel quai de L'Adour (Lavoir public du Bout du Pont)... bien que la foire aux chevaux et mules avait lieu place Marcadieu. (voir ci-dessous des photos)

Photo agrandie (1908) du lavoir du Quai de l’Adour, près du pont.

Le lavoir au croisement de l’Avenue Hoche et du Quai de l’Adour est aujourd’hui détruit. Voici deux photos (1908 et 2012) prises du même endroit. Le petit cabanon sur la photo de gauche était une cabane de cordonnier.

Le même lavoir un peu plus tard (vers 1940) et en 2012.

10° - 1895 : Construction  d'un lavoir QUAI PERE (actuelle rue Georges Magnoac) sur le canal occidental de 24 m. de long ! (ci-dessous plan et photos). Le lavoir fut couvert en 1912/1913 avec une charpente en sapin,des poteaux en chêne et des tuiles à crochets. Pas très loin se trouvaient les « Bains Péré » , bel établissement de 1840 à 1950 à Tarbes.

11° - 1896 : Construction d'un lavoir sur le canal oriental en aval de l'usine Dupont à l'extrémité sud de la rue du FOULON. Sa longueur fera 12 m. pour accueillir 12 laveuses, sa charpente sera en fer et il sera couvert en tuiles pour la somme de 1500 francs.                        


12° - 1901 : Construction d'un petit lavoir public non couvert de 6m. de long au Boulevard Nord de l' ARSENAL, il sera situé sur le fossé du boulevard à l'angle Nord Ouest de la clôture du parc de l'Ecole d'Artillerie (Arsenal).

NB : En fait (nous savons de source sûre par un ancien habitant de cette rue) que ce sont deux petits lavoirs de plein air, qui existaient encore dans les années 1950, sur un petit canal provenant du lac du jardin Massey et dont les eaux couraient dans la partie sud de cette rue, devenue rue Kléber le long du mur Nord-Ouest de l'Arsenal : L'un angle  de la rue Kléber et Boulevard Alsace-Lorraine, l'autre angle rue Kléber et Boulevard Pierre-Renaudet (ex Boulevard Nord de l'Arsenal).       


13°- 14° - 1902: Construction de deux lavoirs :

au pont du chemin de GONDRIN (actuelle rue Victor Hugo)

au PETIT FOIRAIL, les deux pour la somme de 957 francs.

Petit texte extrait du livre “Il y a 100 ans ... Tarbes” de Claude Larronde.

15 °- 1902/1903 : Construction d'un lavoir PROMENADE SOULT, au Nord Ouest  de la caserne du 24e régiment d'Artillerie, en bordure du fossé du chemin d' Odos et près de l'octroi de la place de la Courte Boule. Cette construction est toutefois soumise à l'accord du ministère de la guerre ! Coût de la construction 2200 francs (ci-dessous plan précis daté d'Avril 1902).

16° - 1902/1907 : Construction d'un lavoir à l'angle des Chemins d'AZEREIX et d'IBOS pour 600francs. (aujourd'hui angle Avenue d'Azereix, rue Sainte Catherine et rue François Marqués ?)    

            

17° - 1903/1904 : Projet et construction d'un lavoir route de BORDERES avec couverture en ardoises sur un seul versant, la charpente sera en fer et le sol en dalles de schiste du pays (Apparemment la construction de ce lavoir prévue en 1895 avait été reportée selon le plan de coupe et devis ci-dessous).

18° - 1903/1904 : Destruction et reconstruction avec couverture d'un lavoir situé au nord de la grande prairie “ Portassau ” prés du “ MARTINET ” sur le chemin de grande communication n°7 pour 1500 francs ! (La destruction est évaluée à 500 francs environ. La construction remonte aux années 1895/1897).


19° -  1903/1908 : Projet et Construction d'un lavoir Place du MARCHE BRAUHAUBAN

côté nord-ouest sur le canal Occidental. Longueur 10m. Charpente en fer, piliers en sapin ou en briques, couvertures en tuiles, murs en galets maçonnés pour 1300 francs.   


20° - 1904 : Construction d'un lavoir rue PASTEUR sur le canal de l'Ayguerotte prés de l'immeuble Marcassus.                   


21° - 1907 : Malgré les protestations des habitants, la ville procède à la fermeture d'un lavoir rue de PERSEIGNA (aucune trace auparavant de ce lavoir...sauf une pétition des habitants du quartier de la route de Vic en 1823 est-ce le même?).


22° 1910 : Projet de déplacement du lavoir situé sur un canal place de l'INDUSTRIE. Coût 500 francs, pour sa reconstruction dans le quartier... l'endroit n'est pas précisé.Toutefois cette reconstruction ne sera réalisée qu'en 1927 par l'entreprise Pailhés, mais le lieu de réimplantation n'est toujours pas précisé dans les documents consultés. Ne serait-ce pas le lavoir couvert de la rue Dauriac - à 100m. de la place de l'Industrie ?- seul lavoir encore présent en 2012.


23° - 1921 : Construction d'un lavoir QUAI des MOULINS où il y avait autrefois trois moulins (Moulin des dames de Momères détruit en 1906 – Moulin du Chapitre détruit en 1962). NB : On trouve une rue des Moulins sur les plans d'époque, sur le canal Occidental. Le quai des Moulins, aujourd'hui rue René BYE, reliait la rue de Gondrin devenue rue Victor Hugo et la rue Massey (l'Avenue Bertrand Barrère  fut construite fin XIXe).


24° - 1936/1938 : Reconstruction du lavoir SOULT en bordure du chemin d'ODOS n°63


25° - Lavoir non recensé mais signalé rue des GRAVIERS, située dans le prolongement du Quai Estévenet le long du canal de Gonnés, entre l'Avenue de la Marne et le Boulevard du Martinet. Madeleine Cabidoche nous écrit ceci : « Le lavoir n° 25 de Tarbes me rappelle de très anciens souvenirs. Lors de mon arrivée à Tarbes, en 1934 (j'avais 4 ans) nous avons loué un appartement au premier étage d'une maison appartenant au docteur Lansac, à l'angle de la rue des Graviers et de l'avenue de la Marne. Cette maison aux beaux balcons de fer forgé existe toujours et a été récemment rénovée. Les WC de tous les appartements se vidaient dans le canal du quai Estèvenet et, quelques mètres en aval, se trouvait un lavoir réservé, je crois, aux habitants de la maison. Je me souviens de dalles de schiste qui le bordaient et d'une eau rapide, qui me semblait claire… Ma mère n'a cependant jamais voulu laver notre linge dans ce lavoir ! Je n'ai pas non plus de photo le concernant ».

Petit rappel : toute personne détenant d'autres informations, documents ou photos sur les lavoirs de Tarbes autrefois, peut nous contacter : loucrup@orange.fr ou tél : J-F. DELETANG 05 62 33 83 44. Merci.

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Ci-dessous quelques photos où on devine le lavoir de la rue Gondrin (n° 13), actuelle rue Victor-Hugo :

Plan rapproché.

Le lavoir du Quai Péré est en photo aux Archives Municipales. Le bâtiment à droite est l’arrière de l’actuel commissariat, ayant appartenu à la famille Lampre.

Voici le plan agrandi. On distingue bien les quatre poteaux et la passerelle passant sur le canal. Au fond, le clocher de l’église Saint-Dominique, derrière la mairie. Merci beaucoup à Sandrine Espouey pour l’envoi de cette photo.

Mise à jour de 2014

Voici trois nouveaux témoignages :


1) M. Christophe Arcas nous écrit : « Concernant les lavoirs, je me souviens d’un lavoir qu’il y avait entre la rue Desaix et le square du Cèdre. Actuellement, il y a le gymnase du collège Desaix à cet emplacement et la rue en question a donc disparu. En partant de la rue Desaix et en se dirigeant vers le square, il se situait côté droit et en bout de rue (proche du square) ».


2) M. Daniel Mur nous envoie cette ancienne lithographie (XIXe siècle) de la place Marcadieu. On s’aperçoit de la présence d’un lavoir, remplacé aujourd’hui par la sculpture « Source d’Amour » :

3) Mme. Sandrine Espouey nous indique qu’une ordonnance de police de Tarbes du 18 octobre 1783 défend aux blanchisseuses et aux lavandières de savonner leur linge dans les canaux à l’intérieur de la ville car elles en dégradent les bords. A.M. Tarbes, FF546

2) Lavoir de l'ancien CARMEL, rue Jean Larcher.  Situé dans une dépendance à l'angle Nord-Est de la cour. Dans cette ancienne laverie du Carmel. On peut encore voir pour le moment l'espace de lavage avec un double grand bac en ciment et tout à côté un petit bac qui devait servir au rinçage. Cette grande pièce est malheureusement à l'abandon total et sera certainement un jour vouée à la démolition sauf si la ville de Tarbes décide de réhabiliter l'ensemble de ce patrimoine lui appartenant ?

1) Lavoir de la rue DAURIAC, situé dans l'enceinte de l'école Jean Macé. Ce lavoir n'est que très peu visible de l'extérieur et son accès est impossible et interdit. Il existe encore une simple porte fermée rue Dauriac avec un vieil et petit écriteau rouillé “ LAVOIR PUBLIC ”, on peut également l'apercevoir de l'angle de la rue du Petit Foirail, par la grande grille de l'école. Il semble avoir deux toitures de niveaux différents, l'une en tuiles et l'autre en ardoises. Ce lavoir fait partie du patrimoine actuel de la ville. Souhaitons que la municipalité prenne un jour sa rénovation en charge et qu'il ne subira pas le sort de ses congénères, car il est l’un des derniers survivants d'une période révolue.

Ces deux photos montrent bien son état de vétusté et le toit délabré.

Trois lavoirs existants en 2013.

Ils sont relativement modestes mais intéressants à connaître.

3) Lavoir derrière la rue de la Marne, au fond d'un grand jardin, derrière la rue de la Marne au « Bout-du-Pont », sur un ancien petit canal recouvert depuis par un passage piétons en terre reliant la rue du Docteur Guinier à l'Adour. Situé presque en limite de commune avec Séméac, mais bien sur Tarbes.